Après avoir laissé la petite s’exprimer, il est grand temps que les parents interviennent afin de tenter d’établir l’exacte vérité sur cette histoire de remise officielle. Les seule choses que nous voulons bien corroborer sont les suivantes :
- La remise officielle a bien eu lieu le samedi 27 septembre au matin
- Nous n’avons pas pleuré
Pour ce qui est du reste, voici notre version (succincte) :
Hanoi – Bac Kan, c’est grosso modo 3 h 30 de route (sans compter les escales et autres arrêts pipi). La route, c’est quelque chose ! Petites routes, nids de poules (enfin, d’autruches...), un peu de pluie, et quelques traces du passage de Hagupit (mais si, vous savez bien, le typhounet). On passe sur les normes routières (rien n’a changé depuis notre dernière sortie en mini-bus ; toujours aussi... comment dire ? Surprenant ! Avec ce je n’sais quoi de Grand-Breton dans le style de conduite qui vous donne l’illusion de vous retrouver en plein coeur de la City Londonienne, le flegme en moins...).
L’épisode de l’arrêt petit-déj – pipi restera dans les mémoires. Virginie y est allée la première, en reconnaissance, ce qui a permis au reste de la troupe de repérer la porte menant aux commodités. Jean-Lou a eu le malheur de vouloir en faire autant. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, une fois la porte franchie, il constata qu’il se trouvait au beau milieu de nulle part, dans ce qui aurait pu passer pour un jardin. Ne voyant de cahute nulle part (pas plus que de trou, ou d’arbre, ou de ruisseau, ou de toilettes proprement dites), le Jean-Lou s’en revint tout penaud (l’avait pourtant regardé partout, mais rien, nakache qui puisse de près ou de loin inviter au soulagement). Grand moment de solitude : il ouvrit la porte, et se mit à interpeller sa dulcinée dans un prose on ne peux plus explicite : « Hé, Virginie ! C’est où ? ». Heureusement que les Vietnamiens ne parlent pas français, because les frenchies, eux, y z’étaient morts de rire. La réponse ne se fit pas attendre : « Mais là !.. ». Alors, question à 100 balles : vous auriez fait quoi, vous ?
Bon, allez, accélérons un peu le récit. Le paysage était sympa ; Bac Kan est, pour l’endroit, plutôt une grande ville. Papa a essayé de filmer dans le mini-bus, mais ça bougeait tellement que le simple visionnage donne envie de... Arrivée à l’orphelinat, au bout d’un chemin de terre.
Et là, surprise : une nounou avec une petite fille dans les bras. Monsieur Bich qui annonce « c’est la petite Warin ». Dès lors, Virginie n’a quasiment plus bougée tellement elle ne voulait plus la quitter des yeux. Et alors, supplice (asiatique ?) : nous étions à quelques mètres de nos enfants (Manu, Christophe, Virginie, Jean-Lou), mais impossible de les approcher ! Nous avons donc attendu (toujours et encore ; tiens, au chapitre truc & astuces : on vous l’a dit que l’adoption est une « école de la patience » ; et bien, c’est jusqu’à la dernière minute que ça se vérifie, alors, un conseil : du calme...).
Et enfin, le feu vert : remise non-officielle de la petite Julie à sa maman, qui a bien voulu laisser le futur père s’en approcher lorsqu’il eut fini ses séquences photos – vidéos. C’est... c’est carrément irréel ! Une espèce de moment hors du temps, pour lequel on se prépare depuis longtemps, et qui pourtant désarçonnerait le catcheur le plus aguerri. Et voilà. Même si c’est pas encore « officiel », la vie à trois commence...
Puis remise officielle proprement dite, avec, vous ne vous y attendiez pas, des tas d’officiels et des tas de papiers à signer et des tas de discours à égrener.

En fait, tout se passe très vite. Trop vite. Pas le temps de faire le tour de l’orphelinat ; pas le temps de faire la causette avec les gens du coin. Bref, rapide quoi. On n’a pris le temps de souffler qu’à l’endroit où nous avons déjeuné (tôt !). Le temps de changer Julie, de se sustenter, et hop, retour sur Hanoi (on passe sur les détails liés au voyage et à la circulation, ça devient une routine maintenant...). Les enfant ont beaucoup dormi (ouf !).
Retour à la Guest House pour une visite de la pédiatre. Julie a les bronches prises, et se fait prescrire du Rhinathiol (si vous savez ce que c’est, ne le répétez pas !). Jean-Lou a écumé deux pharmacies avant de jeter l’éponge (vous auriez fait quoi, vous, face aux dénégations des « guichetiers » qui, après avoir jeté un vague coup d’oeil à votre ordonnance, vous auraient déclamé un truc incompréhensible (en Vietnamien qui plus est !), et secouant la tête l’air de dire : « va-t-en, on ne peux rien pour toi ici ! » Hein, hein, vous auriez fait quoi ?). Bon, après s’être renseigné sur l’usage du téléphone (merci Manu & Christophe), le Jean-Lou a fini par trouver le médoc. Restait à la faire ingurgiter à Julie (c’est en sirop !), mais ceci est une toute autre histoire (qui prendrait à elle seule beaucoup de temps...).
Bon. On n’étaient pas partis de l’orphelinat sans obtenir quelques renseignements d’usage sur les enfants (une espèce de manuel de survie en quelque sorte...). Le principe semblait simple : un biberon de 180 ml toutes les trois heures. Ouaip. Ca, c’est dans le « manuel » ; dans la « vraie vie », ça se passe différemment. Très différemment. Les doses sont nettement moindres. Très nettement. De là à dire que les enfants sont un peu impressionnés, voire carrément coincés, il n’y a qu’un pas (bon, après maintenant quelques 24 heures, Julie commence à boire plus de 60 ml en une prise ; on progresse...).
Et puis arrive la première soirée : Quand coucher l’enfant ? Et surtout, comment ? (sur ce dernier point, un couple prévoyant s’était muni d’un lit pop-up, dont il n’a pas l’usage, ce qui fait que la petite Julie peut en profiter ; merci tout plein Manu & Christophe).
Et puis arrive la première nuit. Si si... Et puis le premier matin... Et... Et c’est carrément génial ! Et puis arrive le premier bain... Et puis arrive la première sortie...
Julie avant harnachement finalEt les premiers sourires... Et les premiers jeux... Et les premières siestes...
Vous l'auriez vue cette nuit en pyjama vert dans le lit vert...Et Julie apprend à compter sur ses doigts (euh, à reconnaître ses doigts ?..)...

Et puis voilà ! Et que même si on est fatigués, on en redemande ! Allez, à plus pour de nouvelles aventures...